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S’il est bien une planète qui fascine l’humanité toute entière, c’est Mars. Le patron de Space X Elon Musk ambitionne notamment d’y envoyer une mission habitée « d’ici 2026 voire 2024 ». Mais aujourd’hui, que sait-on vraiment de Mars ? Pourquoi la planète rouge inspire-t-elle tant agences spatiales et cinéastes ? Voici une carte d’identité de notre planète voisine.
La quatrième planète la plus éloignée du Soleil est petite par la taille – environ une demi Terre – mais grande par son intérêt scientifique. Située à 228 millions de kilomètres du Soleil, Mars aurait autrefois possédé des mers chaudes, salées, avec des lacs d’eau douce, sans doute de la neige au sommet de ses monts, des nuages et un cycle de l’eau!
En 2015, la présence d’eau en saumure, un liquide proche de l’eau salée de nos océans et saturé en sels, aurait même été détectée par la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter. Les sels, très absorbants, abaissent le point de congélation de l’eau, lui permettant ainsi de rester sous forme liquide et de s’écouler sous des températures inférieures à 0°C. En effet, la surface de la planète rouge oscille entre 20 et -143°C…
Bien qu’une équipe du laboratoire Géosciences Paris Sud suggère aujourd’hui que ces coulées ne seraient en réalité que de simples avalanches de sable, il reste à étudier les variations fines des coulées au cours du temps. Pour les astrophysiciens, le mystère reste entier, tout comme l’espoir d’un jour détecter le précieux liquide sur notre voisine.
Plus fou encore, la Nasa a fait l’annonce début juin 2018 de l’identification par le rover Curiosity d’un cycle du méthane sur la planète rouge et… de molécules organiques! Le rover américain, sur Mars depuis 2012, a permis grâce à l’instrument Sample Analysis at Mars (SAM), de repérer des chaînes d’atomes contenant du carbone et de l’hydrogène dans des roches âgées de plus de trois milliards d’années. Or, à cette époque, de l’eau liquide aurait coulé sur Mars! Ainsi, deux ingrédients nécessaires à l’apparition de la vie étaient vraisemblablement réunis au même moment à une époque sur la planète rouge…
Mars est une planète tellurique, c’est-à-dire rocheuse, dix fois moins massive que la Terre. Vue de la Planète bleue, elle apparaît rougeâtre de part la poussière riche en oxyde de fer qui recouvre sa surface. Une fois hydraté, l’oxyde de fer devient rouille, d’où la couleur ocrée de notre planète voisine. C’est d’ailleurs ce qui fait qu’on l’associe à la guerre depuis l’Antiquité, d’où son nom faisant référence au dieu de la guerre dans la mythologie romaine.
Les pôles de Mars sont en permanence recouverts de calottes blanchâtres, très variables en fonction des saisons. Au début du printemps boréal par exemple, la glace du pôle nord, exposée au Soleil, se sublime. Autrement dit, elle passe directement de l’état solide à l’état gazeux. Cette sublimation crée ensuite des masses d’air à l’origine de vents qui soulèvent d’importantes quantités de poussières, et sont susceptibles de déclencher des tempêtes de poussière à l’échelle de la planète tout entière.
D’autre part, la planète Mars se caractérise par une opposition très nette entre l’hémisphère nord constitué de vastes plaines lisses, et l’hémisphère sud formé de plateaux riches en cratères d’impacts. L’hémisphère nord est entre 1 km et 3 km moins élevé que l’hémisphère sud, et l’épaisseur de la croûte y est de 32 km contre 58 km pour les plateaux du sud.
Cette « dichotomie » serait apparue il y a environ 4 milliards d’années. Le coeur des géophysiciens balance aujourd’hui entre deux théories pour expliquer cette coupure: l’une est liée à la dynamique interne de la planète (au niveau du manteau et tectonique des plaques), et l’autre à un ou plusieurs grands bombardements qui auraient entraîné la fusion des terrains de l’hémisphère nord.
À noter que les terrains de l’hémisphère nord sont plus jeunes que ceux de l’hémisphère sud, ainsi que marqués par une ancienne présence d’eau liquide abondante et acide.
Au contact de la limite géologique matérialisant la dichotomie, les régions du dôme et Tharsis et d’Elysium Planitia regroupent une forte concentration de volcans. C’est d’ailleurs sur le renflement de Tharsis que se trouve le plus grand volcan du Système solaire, l’Olympus Mons, qui culmine à plus de 21 000 mètres d’altitude!
En outre, contrairement à la Terre, Mars ne possède pas de tectonique des plaques. D’où la taille colossale de ses volcans. Sur notre planète, la croûte se déplace par rapport au point chaud situé dans le manteau qui éjecte de la lave en surface, ce qui forme une succession de petits volcans. Sur Mars, la lave s’accumule en un seul et même point donnant naissance à des volcans gigantesques. Aujourd’hui, la planète rouge a perdu la quasi-totalité de son activité géologique interne. Seuls quelques glissements de terrain, geysers de CO2 aux pôles, séismes et petites coulées de laves se produisent encore.
De son côté, l’hémisphère sud de Mars est parsemé de cratères d’impacts. Argyre Planitia et Hellas Planitia sont les deux plus remarquables. Le second d’environ 2 200 km de diamètre et 9 500 m de profondeur est la plus grande structure d’impact observable sur la planète.
Contrairement aux cratères lunaires dont l’aspect ne change pas avec le temps, les cratères martiens sont soumis à une érosion d’origine atmosphérique qui altère leur forme, arrondit leurs bords et recouvre leur intérieur d’une épaisse couche de poussières. Ils restent cependant bien visibles.
Par ailleurs, la surface de la planète rouge est dotée du plus grand canyon du Système solaire. Les gorges du Valles Marineris atteignent 8 000 m de profondeur et s’étendent d’ouest en est sur plus de 3000 km. En comparaison, le Grand canyon en Arizona (États-Unis) est profond d’au maximum 1,8 km pour 800 km de long…
Dans le voisinage de Valles Marineris, une multitude de petites vallées évoquent des lits de rivière asséchés. Un indice qui oriente les scientifiques vers une histoire de Mars durant laquelle l’eau liquide coulait à flots.
Enfin, la gravité de surface sur Mars est seulement de 38 % celle de la Terre (3,71 contre 9,80 m/s2). La microgravité est connue pour causer des problèmes de santé tels qu’une perte musculaire et de la déminéralisation, mais ce n’est pas pour décourager les projets de colonisation de la planète rouge.
À ce jour, la structure interne de la planète rouge n’a pas pu être déterminée directement. En effet, les sismomètres des sondes du programme Viking de la Nasa lancées dans les années 1970 n’ont pu effectuer aucune mesure fiable à cause de leur sensibilité au vent… Pour l’heure, on suppose donc que Mars possède un intérieur standard, constituée d’une croûte d’environ 50 km d’épaisseur, d’un manteau d’environ 1650 km d’épaisseur et d’un noyau approximativement de 1 700 km de rayon, essentiellement, voire entièrement, liquide.
Pour en savoir plus, il faudra attendre que le sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures) de la mission InSight qui a décollé début mai 2018 arrive à destination le 26 novembre 2018.
L’atmosphère martienne se compose de 96% de dioxyde de carbone (CO2), 2% d’argon (Ar), 1,9% d’azote (N2 et NO), et de traces d’oxygène, de monoxyde de carbone, de vapeur d’eau – en quantité suffisante pour donner naissance à des nuages de glace ou du brouillard – et d’autres gaz. Les images prises depuis la surface de la planète montrent que le ciel apparaît orange, ce qui est vraisemblablement dû à de fines particules de poussière d’oxyde de fer, la même qu’au sol, en suspension.
Très ténue, l’atmosphère de Mars se caractérise par une pression inférieure à 1% de la valeur terrestre. Les futurs explorateurs auront donc nécessairement besoin de combinaisons spatiales pressurisées. Cependant, Mars n’a pas de magnétosphère, cette bulle magnétique de protection contre les particules du vent solaire. Tandis que les radiations au niveau de l’orbite martienne sont 2,5 fois plus fortes que celles qui atteignent la Station spatiale internationale! Une problématique à prendre en compte lors des futures missions habitées…
Enfin, la planète rouge ne possède pas d’anneaux mais deux petits satellites naturels: Phobos et Déimos. Le premier de 27 x 22 x 18 km est de forme irrégulière. C’est le plus proche de sa planète, orbitant à environ 9000 km de Mars. Il « tombe » vers Mars de 18 cm chaque année, à cause de l’attraction gravitationnelle de la planète. À ce rythme, dans 11 millions d’années, Phobos sera si proche de la surface martienne que la gravitation le fera se désagréger, à environ 4 000 km d’altitude.
Déimos, pour sa part, est plus petit et plus éloigné. De taille 15 × 12 × 10 km, il orbite à environ 23 000 km d’altitude. Comme son homologue, il est de forme irrégulière et parsemé de cratères.
D’après les dernières publications scientifiques, ces deux lunes, nommées après les jumeaux des dieux Mars et Vénus dans la mythologie romaine, seraient le résidu d’un impact entre la planète rouge et un astéroïde. Les débris de cette collision auraient alors formé un anneau dans lequel se seraient accrétés une douzaine de satellites. Seuls les deux plus éloignés auraient survécus, Phobos et Déimos, l’attraction gravitationnelle de Mars désintégrant les autres.
Ce sont toutes les spécificités de Mars passées en revue dans ce dossier qui font de la planète rouge un astre unique; notamment la présence passée d’eau, précieux indice dans la recherche de vie extraterrestre. En effet, la vie « carbonée » telle qu’elle existe sur Terre, utilise principalement les éléments chimiques carbone, hydrogène, oxygène, azote, phosphore et soufre. Or, ces éléments doivent exister dans de l’eau liquide, car c’est dans ce milieu que se produit la chimie du vivant telle que nous la connaissons. Les réactions dans d’autres solvants seraient limitées.
De plus, l’eau existe massivement dans l’Univers, sous forme de vapeur et de glace. Mais il faut des conditions très particulières pour la trouver liquide. Mars est à l’heure actuelle la meilleure candidate à pouvoir abriter cette eau liquide, tout en restant accessible aux sondes spatiales et rovers d’exploration.
L’eau a coulé sous les ponts depuis le premier survol de Mars par la sonde américaine Mariner 4 en 1965… On a cité précédemment l’atterrisseur InSight parti début mai 2018. La sonde américaine Maven qui étudie la disparition de l’atmosphère martienne et l’indienne Mars Orbiter Mission gravitent autour de la planète rouge depuis 2014. La mission européenne ExoMars Trace Gas Orbiter avec son atterrisseur Schiaparelli cherche elle à déterminer si le méthane de l’atmosphère de Mars est d’origine biologique. L’Esa doit également lancer un astromobile nommé Rosalind Franklin en 2022.
Le rover Perseverance de la Nasa quant à lui, de la mission Mars 2020, est arrivé saint et sauf sur la planète rouge en février 2021. Il est chargé de préparer des échantillons qui seront rapportés sur Terre ultérieurement. Enfin, n’oublions pas Elon Musk et sa mission habitée vers la planète rouge prévue pour « 2026 voire 2024″… C’est certain, Mars n’a pas fini de faire parler d’elle.
Dans notre prochain dossier, les futures missions d’exploration de Mars, robotisées ou habitées, seront à l’honneur.
L’année 2018 est une année martienne, la planète rouge sera très bien visible pendant tout l’été ; alors profitez-en pour l’observer, à l’œil nu ou au télescope !
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