Observer la comète Wirtanen à son éclat maximal en 2018

Elle est bien là ! La comète Wirtanen est au plus proche de la Terre le 16 décembre et son éclat la rend visible à l’œil nu autour de cette période pour les observateurs de l’hémisphère nord. Voici toutes les infos pour la trouver et l’observer.

La comète Wirtanen photographiée le 7 novembre 2018 dans l'hémisphère sud par Alex Cherney.

La comète Wirtanen photographiée le 7 novembre 2018 depuis l’hémisphère sud par Alex Cherney (terrastro.com).

Actualisation du 13 décembre 2018 : la comète Wirtanen est effectivement visible à l’œil nu sous un ciel noir. Son diamètre est de l’ordre de celui de la pleine lune et son aspect est celui d’une boule très diffuse. Compte tenu de sa taille, une observation aux jumelles garantit la vision la plus intéressante. On peut aussi l’observer dans un instrument à faible grossissement, qui permet de distinguer le noyau quasi ponctuel.

Qu’est-ce que la comète Wirtanen ?

Trajectoire de la comète 46P/Wirtanen dans le Système solaire. Le point bleu correspond au moment où la comète passe au plus près de la Terre, le 16 décembre 2018. Illustration obtenue avec l’outil JPL Small-Body Database Browser.

La comète Wirtanen est un petit corps composé de glaces et de poussières dont on estime le diamètre à 1,2 kilomètre. En orbite autour du Soleil, la comète Wirtanen en fait le tour en 5,4 ans sur une orbite de forme elliptique. Elle passe au plus près du Soleil à environ 158 millions de km et s’en éloigne jusqu’à une distance d’environ 760 millions de kilomètres, tout près de l’orbite de Jupiter. Comme cette comète est périodique, c’est à dire qu’elle s’approche de façon régulière du Soleil, cela permet de l’observer de façon répétée depuis la Terre. Et en décembre 2018, les conditions s’avèrent particulièrement favorables !

La comète 46P/Wirtanen.

Image en fausses couleurs de la comète 46P/Wirtanen. Cet objet est habituellement peu lumineux et ses images proviennent le plus souvent d’observatoires professionnels ou d’amateurs avertis.

Car en s’approchant du Soleil, la comète s’échauffe, sa surface se vaporise, les matières éjectées formant une queue qui peut s’avérer spectaculaire à voir. Or, en cette fin d’année, la comète Wirtanen passe très près de la Terre : dans la soirée du 16 décembre, elle est à seulement 11,6 millions de kilomètres de nous, ce qui est très peu. Juste avant, le 12 décembre, elle passe au plus près du Soleil, ce qui signifie que son activité devrait être à son maximum. Cette proximité et cette forte activité devraient donc nous permettre d’observer facilement la comète, très probablement à l’œil nu.

Quand et observer cette comète ?

A partir de novembre 2018, la comète, la comète Wirtanen est théoriquement visible une bonne partie de la nuit depuis l’hémisphère nord dans la constellation du Fourneau, mais sa faible hauteur sur l’horizon rend son observation difficile, d’autant plus qu’un instrument est indispensable. Après le 25 novembre, elle se trouve suffisamment haute et devient assez brillante pour être en principe observable aux jumelles une grande partie de la nuit, mais la lumière de la Lune risque d’être gênante. C’est finalement début décembre, alors que la Lune n’apparaît plus qu’en fin de nuit et que la comète s’est encore élevée dans le ciel que l’observation devient vraiment intéressante.

Repérage de la comète 46P/Wirtanen du 25 novembre au 20 décembre 2018. Les positions sont indiquées pour chaque jour à 22h heure de Paris (21h Temps Universel). Carte : Bertrand d’Armagnac d’après données IMCCE.

La comète Wirtanen est alors à rechercher dans la Baleine, puis dans l’Eridan et le Taureau (voir la carte ci-dessus). Son mouvement apparent sur le ciel est bien visible de jour en jour. Le 16 décembre, lorsqu’elle est au plus proche de nous et théoriquement la plus brillante, elle passe entre deux formations majeures du ciel d’hiver visibles à l’œil nu : les Hyades et les Pléiades. Un spectacle à ne pas manquer si la comète est elle-même visible à l’oeil nu ! Les nuits suivantes, la Lune de plus en plus présente et proche vient cependant gâcher le spectacle. Il faut alors attendre le 25 décembre pour à nouveau l’observer dans de bonnes conditions en tout début de nuit, avant le lever de la Lune, dans la constellation du Cocher. Son éclat aura alors peut-être diminué, mais néanmoins, suivre son évolution en ces derniers jours de l’année, à l’oeil nu ou aux jumelles, devrait être très intéressant. Un spectacle qui peut sans doute se poursuivre durant la première quinzaine de janvier 2019, alors que la Lune est de moins en moins gênante en première partie de nuit.

Repérage de la comète 46P/Wirtanen du 20 décembre 2018 au 15 janvier 2019. Les positions sont indiquées pour chaque jour à 22h heure de Paris (21h Temps Universel). Carte : Bertrand d’Armagnac d’après données IMCCE.

Et pour nos lecteurs situés plus au sud ? Ceux des Antilles comme ceux de la Réunion peuvent profiter de la période la plus favorable d’observation durant la première quinzaine de décembre, la comète Wirtanen se situant dans un secteur du ciel qui leur est accessible. En revanche, la comète sera beaucoup plus basse sur l’horizon nord début janvier : une position encore acceptable aux Antilles mais qui sera critique à la Réunion. Il faut donc bien profiter de la fenêtre d’observation de décembre !

Que voit-on ? Avec quel instrument ?

Une comète apparaît en général comme une petite tache floue qui se distingue des étoiles environnantes. Son éclat (magnitude) est difficile à prévoir avec précision, mais pour la comète Wirtanen, il est probable qu’elle soit visible à l’oeil nu de la fin novembre 2018 à la mi-janvier 2019. Autour du 16 décembre, sa magnitude pourrait même atteindre 3 (selon ce site japonais de référence). Il ne devrait alors pas être trop difficile de la localiser, surtout si on s’aide de cartes (voir plus bas). Rappelons que sous un ciel bien noir, une comète est en général visible :

  • si la magnitude est inférieure à 10 : avec des grosses jumelles (de diamètre 50 mm ou plus)
  • si la magnitude est inférieure à 8 : avec des jumelles moyennes (40 mm) ou un easyScope
  • si la magnitude est inférieure à 6 : la comète est visible à l’oeil nu (phénomène rare malheureusement, mais c’est le cas avec Wirtanen !)

La queue est parfois visible mais il est rare de bien la voir « en direct », même avec un télescope : en général seules les photos à longue pose permettent de bien la faire ressortir. De plus, la queue se développe à l’opposé du Soleil et comme durant la meilleure période de visibilité de la comète Wirtanen, le Soleil, la Terre et la comète sont quasiment alignés, on ne la verra sans doute que très peu car nous serons dans son axe.

En revanche il est toujours intéressant d’arriver à « traquer » la comète en suivant son mouvement de jour en jour et même d’heure en heure sur le fond du ciel étoilé. Pour Wirtanen, ce mouvement est bien perceptible car la comète se déplace rapidement et elle est très proche de la Terre comparée aux étoiles, infiniment plus lointaines. En outre, elle peut connaître des variations d’éclat assez importantes et déjouer les prévisions : parfois moins brillante que prévu, parfois plus !

Bref historique de la comète Wirtanen

Découverte par l’astronome Carl Alvar Wirtanen le 17 janvier 1948, sur une plaque photographique réalisée à l’observatoire Lick en Californie, cette comète a pour nom officiel 46P/Wirtanen. Voyons pourquoi :

  • 46 : car c’est la 46e comète a avoir été répertoriée (la première étant la comète de Halley)
  • P: car c’est une comète périodique, c’est à dire une comète qui revient régulièrement s’approcher du Soleil et de la Terre
  • Wirtanen : c’est le nom de son découvreur.

Image d’artiste de la sonde Rosette et du module de descente Philae. Crédit : CNES

La comète Wirtanen aurait pu être beaucoup plus célèbre, puisqu’elle devait être visitée par la mission Rosetta de l’Agence spatiale européenne, dont l’objectif était d’explorer la surface de l’un de ces petits astres glacés pour mieux les comprendre. Mais à la suite d’un retard dans le lancement de la sonde, il n’était plus possible d’atteindre cette cible. L’Agence spatiale européenne a donc finalement dirigé Rosetta vers la comète Tchourioumov-Guérassimenko, atteinte en 2014 et sur laquelle s’est posé le petit module Philae. En compensation, espérons que le prochain passage de Wirtanen lui permettra d’être vue de tous !

Lisez également l’article : Qu’est-ce qu’une comète ?