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Le Space art ou Art spatial nous fait rêver par des représentations colorées d’astres connus ou de fiction depuis la fin du XIXe siècle. Portrait de la discipline, et de son évolution à travers quelques-unes des plus belles réalisations. Évasion garantie…
Qui n’a pas rêvé de se balader à la surface de Mars, d’observer un lever de Terre depuis la Lune ou d’explorer les méandres d’une planète lointaine ? Incroyable mais vrai, de tels voyages sont possibles depuis la fin du XIXe siècle grâce à l’Art spatial, ou Space art. Et quelle fierté de savoir que le pionnier de la discipline au niveau international est un Français !
Fils d’artiste-peintre graveur, le normand Lucien Rudaux se passionne dès son plus jeune âge pour la représentation de paysages et de phénomènes naturels, en particulier en lien avec l’astronomie. Ceci n’est pas un hasard, puisque depuis le début du XIXe siècle, la photographie démocratise enfin la visualisation de l’espace et stimule l’imagination du grand public et des artistes.
En 1892, Lucien Rudaux intègre la Société astronomique de France fondée cinq ans plus tôt par Camille Flammarion. À partir de ce moment, il consacre son œuvre à la représentation des astres. Parmi les premiers vulgarisateurs scientifiques de l’Histoire, le peintre devient astronome amateur et est recruté par le Palais de la Découverte à Paris pour y développer le tout premier département d’astronomie.
Grâce à l’art figuratif, Lucien Rudaux permet aux néophytes de visualiser un cosmos à propos duquel la science multiplie les découvertes, mais encore physiquement inaccessible au début des années 1900. L’artiste illustre aussi bien des astres existants que des paysages célestes imaginaires. Après tout, puisque aucun être humain ne peut vérifier…
Si Lucien Rudaux est considéré comme le « grand-père » du Space art, Chelsey Bonestell est bien le père de la discipline. L’Américain a démarré sa carrière comme architecte, en participant notamment à l’élaboration de la façade du Chrysler Building à New York ou du bâtiment de la Cour suprême des États-Unis. Il se spécialise ensuite dans les effets spéciaux à Hollywood, par exemple pour les films Le bossu de Notre-Dame (1939) ou Citizen Kane (1941).
Toutefois, passionné depuis toujours par l’astronomie, Chesley Bonestell décide d’utiliser ses compétences afin de créer des œuvres entrant dans la catégorie du Space art. Ainsi, il s’inspire largement de Lucien Rudaux, et associe miniatures d’argile, astuces photographiques et techniques de peinture pour élaborer des tableaux au réalisme saisissant. C’est en 1944 dans le magazine Life que paraît sa première grande réalisation : une série de représentations de Saturne vue de ses lunes.
Chesley Bonestell clôture sa carrière dans le monde du cinéma en restant dans le thème du spatial, avec les effets spéciaux des films Destination… Lune ! (1950), La Guerre des mondes (1953) ou encore La Conquête de l’espace (1955). Il réalise au total une soixantaine de couvertures de magazines de science-fiction, ainsi que des couvertures de livres. De 1952 à 1954 en particulier, l’artiste illustre une longue série d’articles parue dans le magazine Collier’s, pionnier du journalisme d’investigation.
Cette série de récits intitulée Man will conquer space soon est réalisée en collaboration avec des chercheurs, des écrivains et le médiatique ingénieur aérospatial Wernher von Braun, déjà auteur d’un livre décrivant une mission d’exploration de Mars. L’objectif est de démontrer que l’Homme possède à l’époque tous les moyens scientifiques et techniques nécessaires pour se rendre dans l’espace, et que la concrétisation de ce rêve ne relève que de finances et de politique.
L’avance sur leur temps des images associées à ces articles parle d’elle-même – certaines rappelant par exemple le design de la station spatiale du film Interstellar (2014) – quand le premier satellite artificiel Spoutnik 1 ne sera lancé qu’en 1957, la Nasa seulement créée en 1958 et que Youri Gagarine ne deviendra le premier homme dans l’espace qu’en 1961…
Un autre illustrateur de Space art remarquable du XXe siècle est le Suisse Luděk Pešek, également écrivain de science-fiction. Lui aussi très inspiré par Lucien Rudaux, l’artiste se fait d’abord un nom en Europe dans les années 1960 avec de premières œuvres consacrées à la Lune et aux planètes du Système solaire.
Il est ensuite sollicité par le magazine américain National Geographic pour des visualisations de Mars. Son travail fait alors le tour de la planète. En plus de nombreuses peintures et illustrations de livres, Luděk Pešek imagine plusieurs œuvres à 360 degrés pour les dômes de différents planétariums.
Par ailleurs, on mentionnera David Hardy parmi les peintres remarquables d’Art spatial. Il est en particulier reconnu pour ses paysages génialement fantastiques. L’artiste est aussi l’actuel vice-président européen de l’Association internationale des artistes astronomiques (IAAA) fondée en 1982, et forte aujourd’hui de 120 membres issus d’une vingtaine de pays. Tous ces artistes utilisent la peinture à l’huile, l’acrylique, la gouache, le feutre, le pastel, les crayons ou encore les technologies laser les plus avancées pour représenter des paysages du cosmos de plus en plus lointains, des paysages que nous ne sommes pas encore capables d’observer avec les sondes spatiales existantes.
Les agences spatiales internationales font souvent appel à ces artistes pour représenter leurs satellites et rovers auprès du grand public. Ce sont les images que vous avez de nombreuses fois retrouvées dans les articles de Stelvision consacrés à l’exploration spatiale. Finalement, depuis le début du Space art à la fin du XIXe siècle, le plus bel accomplissement de la discipline est sans doute d’avoir stimulé l’imagination de millions de personnes, et suscité d’innombrables vocations de chercheurs en astronomie, astrophysiciens, ingénieurs en astronautique, astronautes… et bien sûr peintres d’Art spatial.
Pour conclure, voici deux vidéos pour une immersion au fin fond du cosmos à travers les travaux de l’artiste David Hardy…
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