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Après plusieurs siècles persuadé que la Terre est au centre de l’Univers, l’Homme considère plus sérieusement la théorie de l’héliocentrisme. À partir du XVIe siècle, Copernic, Kepler et Galilée en sont les fervents défenseurs.
Pendant les siècles qui suivent l’Antiquité grecque, la croyance générale est à la vision du monde selon l’astronome grec Ptolémée. La Terre est immobile et au centre de l’Univers : c’est un système dit géocentrique. Quelques visionnaires, comme Héraclide ou Aristarque de Samos, émettent des hypothèses selon lesquelles certaines planètes tourneraient autour du Soleil, la Terre serait en mouvement ou notre Univers de nature héliocentrique, c’est-à-dire avec notre étoile au centre…
Mais il faudra attendre le XVIe siècle, et notamment l’arrivée de Nicolas Copernic, pour que ces idées émergent. L’astronome polonais réalise rapidement la nécessité d’abandonner le modèle d’Univers de Ptolémée. Dès le début des années 1510, il rédige un court traité connu sous le titre de Commentariolus qui expose un système où le Soleil est au centre, incluant la Terre et toutes les planètes connues à l’époque.
Toutefois, pendant plus de trente ans, Copernic conserve sa théorie secrète. Une décision sage, puisque l’héliocentrisme fait l’objet de plusieurs interdits religieux chez les protestants et dans l’Église catholique. Mais la principale raison pour laquelle l’astronome garde pour lui ses idées est probablement l’incohérence scientifique de plusieurs données.
Copernic se heurte par exemple aux inexactitudes induites par son hypothèse de base, selon laquelle les planètes auraient un mouvement circulaire et uniforme. En réalité, nous savons aujourd’hui qu’elles se déplacent sur des orbites elliptiques. Hélas, ce « détail » empêche les calculs de Copernic d’aboutir proprement.
L’astronome polonais affine sa théorie et tente de pallier les incohérences de ses calculs tout au long de sa vie. C’est l’année de sa mort, en 1543, que l’ouvrage de référence De Revolutionibus Orbium Coelestium est imprimé pour la première fois. Le De Revolutionibus est divisé en six livres et conçu sur le modèle de l’Almageste de Ptolémée. Extrêmement technique, ce livre est le premier de l’Histoire à exposer une théorie complète de l’héliocentrisme. L’ouvrage reflète l’ensemble des recherches de Copernic sur le calcul des positions des planètes et la comparaison avec l’observation du ciel.
Johannes Kepler est formé par l’astronome et mathématicien Michael Maestlin, fervent admirateur du système héliocentrique, ce qui fait de lui un copernicien enthousiaste. Dans son premier livre Mysterium Cosmographicum en 1596, Kepler expose cette conviction mais la publication lui attire les foudres de l’Église.
Kepler se réfugie à Prague, où il devient l’assistant de Tycho Brahe. Ce savant est connu pour ses observations révolutionnaires du ciel, au moins dix fois plus justes que toutes celles réalisées par ses prédécesseurs européens, grâce à la mise au point méticuleuse d’instruments de haute précision.
À sa mort, Tycho Brahe laisse ses travaux à Kepler et notamment la tâche de calculer l’orbite de Mars, qui à l’époque résiste à tout tentative de modélisation. Johannes Kepler met six ans à relever le défi. Or, il parvient non seulement à décrire l’orbite de la planète rouge, mais également à extraire de ses travaux deux lois générales sur les trajectoires des planètes du Système solaire. Publiées en 1609 dans l’ouvrage Astronomia Nova, elles s’énoncent encore aujourd’hui de la manière suivante :
Concernant la première, à noter que tout comme un cercle possède un centre, une ellipse possède deux foyers. En outre, l’énoncé de la deuxième loi signifie concrètement que la planète accélère légèrement à l’approche du périhélie, c’est-à-dire du point de son orbite le plus proche du Soleil.
Enfin, en 1618, Kepler énonce une troisième loi fondamentale pour la description du mouvement des planètes :
Cette troisième loi permet, avec très peu de données d’entrée, de calculer les caractéristiques de la trajectoire des planètes du Système solaire. À noter qu’en support de ses travaux, Kepler travaille beaucoup sur l’optique. Il est d’ailleurs le premier à expliquer les principes fondamentaux de l’optique moderne. Nature de la lumière, miroirs, lentilles, réfraction… rien ne lui échappe et l’astronome aborde même le sujet de la vision et la perception des images par l’œil.
Enfin, impossible de parler d’héliocentrisme sans mentionner Galilée. Contemporain de Kepler, le mathématicien, géomètre, physicien et astronome italien est d’abord connu pour l’invention de la lunette astronomique. Il apprend en 1609 l’existence d’un appareil hollandais qui grossit les objets observés environ sept fois. Ainsi, il s’en inspire pour élaborer sa première lunette.
Améliorée grâce à l’utilisation des principes élémentaires d’optique, elle grossit de manière linéaire jusqu’à trente fois et Galilée envisage de l’utiliser pour observer… les étoiles, et plus particulièrement les astres invisibles à l’œil nu. La lunette d’approche devient alors lunette astronomique et le physicien Galilée se transforme en astronome.
Toutefois, contrairement à Kepler, Galilée ne maîtrise pas la théorie de l’optique et reconnait lui-même que sur plus de 60 lunettes construites de manière empirique, quelques-unes seulement sont utilisables. Montées sur des tubes de bois ou de carton, les lentilles de Galilée permettent pour la première fois à l’Homme d’étudier les objets célestes en détail.
Au cours de l’année 1610, Galilée multiplie les trouvailles. Il découvre les quatre satellites de Jupiter Io, Europe, Ganymède et Callisto, appelés encore aujourd’hui lunes galiléennes. À noter que c’est Kepler, dans un ouvrage de 1611, qui emploie pour la première fois le mot « satellite » pour désigner ces quatre petits astres. Galilée est le premier à observer et étudier les taches solaires et les anneaux de Saturne. L’astronome italien étudie également les phases de la Lune et remarque que notre satellite n’est pas une sphère régulière, mais parsemée de montagnes et de cratères…
Le savant regroupe toutes ses observations fin 1610 dans Sidereus nuncius, un ouvrage qui confirme la théorie de l’héliocentrisme. Mais l’Église catholique, toujours formellement opposée à cette idée, déclare l’héliocentrisme hérétique en 1616, interdit les livres y faisant référence et défend à Galilée d’enseigner cette théorie.
L’astronome se plie à ces dictats pendant plusieurs années, mais en 1632, s’attire des ennuis avec la publication du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. L’ouvrage est une discussion entre trois personnes : la première favorable au système héliocentrique de Copernic, la deuxième au système géocentrique de Ptolémée et la troisième sans opinion préalable. Bien que rédigé à la demande de son ami de longue date le pape Urbain VIII, Galilée laisse clairement entendre dans le livre sa préférence pour la théorie héliocentrique.
Un procès historique est alors intenté à Galilée en 1633. Il est condamné à l’assignation à résidence. Surveillé continuellement, il continue à travailler sur ses recherches dans la discrétion jusqu’à sa mort neuf ans plus tard. Heureusement, en raison de ses liens étroits avec le pape Urbain VIII, la probabilité d’une condamnation au bûcher était très faible !
Pour mitiger le propos, on peut souligner que l’Église a basé le procès de Galilée et sa condamnation sur la référence du géocentrisme, prôné par la majorité des astronomes de l’époque. Il faudra attendre de nouvelles preuves théoriques et expérimentales apportées par de grands noms de l’astronomie moderne pour que l’héliocentrisme soit enfin reconnu.
Dans un autre dossier consacré à l’astronomie moderne, nous abordons également la question du Soleil au centre… du Système solaire ou bien de l’Univers tout entier ? Une idée émise dès 1584 par le moine Giordano Bruno, qui ne sera discutée sérieusement qu’avec l’avènement de la cosmologie contemporaine.
Lisez ou relisez nos deux autres articles sur l’Histoire de l’astronomie : Qui étaient les premiers astronomes ? et Naissance de l’astronomie moderne.
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