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Connaissez-vous le grand G ? Dessiné par des étoiles brillantes, son repérage permet de se promener à l’œil nu dans un secteur remarquable du ciel d’hiver.
Durant l’hiver, la première partie de nuit permet de voir passer au-dessus de l’horizon sud un bel ensemble d’étoiles brillantes appartenant à différentes constellations. Elles sont au nombre de neuf et leur disposition fait penser à la lettre G. Toujours friands de points de repère faciles à mémoriser, les astronomes ont nommé cette formation le grand G de l’hiver.
Cette lettre céleste n’a pas d’existence officielle : il s’agit d’un astérisme, c’est-à-dire un ensemble d’étoiles qui forment une figure remarquable. Les astérismes sont parfois de tous petits ensembles d’étoiles, mais pour le grand G, nous sommes dans un cas semblable au Triangle d’été formé par Véga, Deneb et Altaïr, étoiles principales des constellations de la Lyre, du Cygne et de l’Aigle.
Le grand G de l’hiver est un bon prétexte pour passer en revue les constellations et leur mythologie dans ce secteur du ciel. C’est parti pour une petite randonnée à l’œil nu !
C’est Aldébaran qui fait office de point de départ du G. L’étoile orangée matérialise l’œil du bovin dans la constellation du Taureau, selon les légendes grecques. Un œil à la couleur chaude qui mit en confiance la jeune Europe lorsque le Taureau se présenta devant elle dans les jardins de son palais situé à Tyr, sur le rivage oriental de la mer Méditerranée. Charmée, elle grimpa sur la croupe de l’animal qui s’envola au-dessus de la mer pour la porter jusqu’en Crête. Car le Taureau n’était autre que Zeus, roi des dieux et des hommes, qui avait choisi Europe pour qu’elle devienne la mère de trois de ses enfants.
Autour d’Aldébaran, on devine un poudroiement d’étoiles, l’amas ouvert des Hyades : sept sœurs placées dans le ciel parce qu’elles étaient inconsolables de la mort de leur frère. Un peu plus haut, brille un autre groupe d’étoiles plus éclatantes, les Pléiades : sept autres sœurs qui furent métamorphosées en étoiles parce que leur père avait voulu lire dans le secret des dieux.
Plus à l’est, deux étoiles marquent le bout des cornes du Taureau. La plus élevée des deux fait la transition vers la deuxième constellation de notre balade puisqu’elle en a longtemps fait partie également.
Cette deuxième constellation, c’est le Cocher qui est matérialisé dans le ciel par un polygone d’étoiles. La plus brillante, Capella, est le second point à relier pour former notre G. C’est aussi son point culminant, localisé en plein milieu de la Voie lactée d’hiver.
Le Cocher n’est pas une figure majeure dans la mythologie. On lui attribue l’invention du chariot à quatre chevaux dont il tient les rênes, mais l’engin lui-même est absent du ciel. Toutefois, l’étoile Capella matérialise la chèvre qu’il porte sur son dos : une chèvre à l’illustre destin puisqu’elle fût la nourrice de Zeus.
Les deux prochains points à relier se situent sur le rivage oriental de la Voie lactée, dans la constellation des Gémeaux. Ce sont deux frères, l’un fils de Zeus, l’autre d’un mortel, mais qui restèrent inséparables tout au long de leur vie : Castor et de Pollux. Les deux étoiles qui portent leurs noms matérialisent leurs têtes à l’extrémité de la constellation. Parmi leurs exploits, Castor et Pollux réussirent à calmer une tempête qui menaçait de faire chavirer le bateau des Argonautes. Cela explique pourquoi ils aiment être invoqués par les marins : les feux de Saint-Elme autour des mâts des navires sont considérés comme un signe de leur présence.
La constellation des Gémeaux est assez simple à reconnaître : vers l’est, les deux étoiles principales figurent les têtes des deux frères, à partir desquelles partent parallèlement deux alignements stellaires vers la Voie lactée. Au bout, les astres figurant les pieds des deux frères se baignent dans celle-ci.
Au sud de Castor et Pollux, le point suivant à relier brille presque autant que Capella. Il s’agit de Procyon, dans la constellation du Petit Chien. Procyon signifie en grec « chien de devant » car l’astre se lève juste avant l’étoile majeure Sirius du Grand Chien. Les deux canidés accompagnent le grand chasseur Orion sur lequel nous allons revenir.
Le Petit Chien est la plus petite constellation de cette région du ciel, mais elle reste remarquable grâce à l’éclat de Procyon qui dénote dans un secteur du ciel par ailleurs assez pauvre en étoiles brillantes.
Point le plus austral de notre G de l’hiver, Sirius, est une étoile importante : c’est la plus brillante visible depuis la Terre ! Son nom signifie « ardent » en grec. Déjà remarquable depuis la France métropolitaine même si elle se trouve près de l’horizon, les observateurs situés plus au sud peuvent attester de son éclat lorsqu’elles se trouvent haut dans le ciel.
Sirius marque l’épaule de la constellation du Grand Chien, fidèle compagnon du chasseur Orion. Certaines légendes grecques en font aussi le chien chargé par Zeus de veiller sur la belle Europe.
Terminons de dessiner le grand G de l’hiver en reliant Sirius à Rigel, qui marque l’un des pieds du chasseur céleste Orion, puis Bellatrix et pour finir Bételgeuse qui matérialisent ses épaules. Il s’agit des astres les plus brillants de la constellation, mais les trois étoiles alignées qui figurent la ceinture du chasseur sont aussi remarquables.
Orion est sans conteste la constellation la plus emblématique du ciel d’hiver dans l’hémisphère nord. Ses étoiles les plus brillantes dessinent une figure aisément reconnaissable en forme de sablier ou de papillon aux ailes grandes ouvertes. En comparant Bételgeuse et Rigel, l’observateur peut aussi discerner leurs couleurs : rouge pour la première et bleue pour la seconde.
Il fallait bien cela pour honorer un personnage mythologique aussi légendaire : Orion se vantait de pouvoir vaincre n’importe quel animal. Il était effectivement immense et puissant, puisque sa tête dépassait des eaux lorsqu’il marchait dans la mer. Mais pas assez toutefois pour vaincre tous ses adversaires : confronté au Scorpion, il fût piqué au pied et mourut. Une fin tragique qui émut les dieux, car ils placèrent Orion et le Scorpion à l’opposé dans le ciel. Ainsi, tout comme Orion embellit les nuits d’hiver, le Scorpion enchante nos nuits estivales. Mais ceci est une autre histoire…
Pour prolonger la balade dans ce secteur du ciel à l’aide d’instruments, consultez aussi notre Randonnée céleste dans les pas du chasseur Orion.
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