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Le dessin astronomique est une technique accessible à tous et qui aiguise le sens de l’observation. Dessiner, c’est aussi garder la trace de ses soirées sous les étoiles. Vous êtes tentés ? Petit guide pour débuter.
Dès qu’il a fait ses premières découvertes à l’oculaire, l’astronome débutant a souvent envie d’immortaliser ce qu’il voit, ne serait-ce que pour les partager avec son entourage. Le premier réflexe est alors de penser à la photo : un procédé qui peut s’avérer très vite complexe et onéreux. Mais nombre d’astronomes pratiquent également une autre technique, accessible et au coût vraiment limité : le dessin. Et si vous tentiez vous aussi de vous lancer ?
Également appelé astrodessin, le dessin astronomique présente de nombreux avantages. Mais avant de les énumérer, arrêtons-nous d’abord sur ses limites. En premier lieu, il ne permet jamais de restituer exactement l’aspect d’un objet : en effet, le dessin est le reflet de ce que l’auteur y met, celui-ci pouvant voir des choses qui n’existent pas… ou ne pas voir des choses qui existent. Autre point limitant, il est en général moins spectaculaire qu’une belle image, car à la différence de l’appareil photo, l’œil n’accumule pas la lumière et voit donc moins de détails et de couleurs.
Voyons maintenant les avantages de l’astrodessin : ils sont multiples ! La technique est économique car très peu de matériel est nécessaire (papier, crayons, gomme) et déjà souvent dans les tiroirs du bureau. Elle est aussi très simple à mettre en œuvre, beaucoup de dessins pouvant être exécutés en quelques minutes derrière n’importe quel instrument y compris les jumelles, ou même à l’œil nu. Plus intéressant, sa pratique éduque l’œil à l’observation : il faut en effet être plus attentif pour déceler les détails et les représenter correctement, ce qui permet peu à peu d’avoir un regard plus affûté que si l’on reste un simple observateur.
Un dernier point : souvent, le débutant hésite à se lancer parce qu’il pense qu’il ne sait pas dessiner. Mais est-ce vraiment difficile de crayonner des points (les étoiles) et des taches floues (les galaxies et autres nébuleuses) ? Parfois même, c’est l’occasion de se découvrir un talent caché !
Convaincu par ces arguments ? Voici une méthode pour faire vos premiers pas. Pour cela, munissez-vous d’outils simples. Comme support, une feuille de papier machine blanc fait l’affaire et côté crayons, a minima un seul graphite HB ou mieux, trois crayons plus ou moins gras (par exemple, 2H, HB et 2B) sont parfaits. Ajoutez une gomme blanche, un support rigide (planchette ou carton), une pince pour maintenir la feuille et une lampe rouge pour éviter de vous éblouir, et vous voilà prêts !
Pour vous aider à respecter les proportions, tracez un cercle de 8 à 10 centimètres de diamètre, qui correspondra au champ de vision de l’instrument. Sur une feuille A4 placée horizontalement, vous pouvez tracer deux cercles côte à côte en haut et garder la partie inférieure pour noter diverses informations qu’il est toujours intéressant et même important de relever : date, lieu, heure de début et de fin d’observation, qualité du ciel, diamètre et focale de l’instrument, oculaire utilisé et grossissement résultant, accessoires éventuels. Sans oublier le nom de l’objet observé et sa constellation !
Reste à choisir un sujet à dessiner. Nous vous conseillons de commencer par un objet du ciel profond, plus facile à reproduire qu’un cratère lunaire ou une surface planétaire. La première notion à maîtriser est celle des proportions, afin de placer correctement les étoiles les unes par rapport aux autres et pour donner la bonne taille à l’objet en fonction de ce fond étoilé. Une petite subtilité : le dessin est réalisé en négatif, c’est-à-dire qu’étoiles et objets sont inscrits en noir sur un fond de ciel blanc. Logiquement, plus un objet est brillant, plus il doit donc être sombre sur le dessin. Pour les étoiles les plus lumineuses, on dessine donc un point plus gros et pour les zones les plus visibles des objets diffus, on densifie son flou ou bien on utilise un crayon plus gras.
Voici une méthode pas à pas pour vous aider à réaliser votre premier dessin, avec pour exemple la nébuleuse planétaire M27 :
1. Reportez à l’aide d’un crayon assez pointu les étoiles les plus brillantes en repérant les figures géométriques qu’elles forment (lignes, triangles, angles droits…). Respectez bien les proportions par rapport au bord du champ de vision, figuré sur le dessin par le cercle. Cette étape doit être soignée car elle pose les jalons pour tout le reste du dessin et permet de bien recentrer le champ lorsque l’instrument n’est pas motorisé.
2. Placez ensuite les étoiles plus faibles, qui seront plus ou moins grosses suivant leur luminosité. Parfois, le nombre d’étoiles visibles est important : ne reportez que les principales.
3. À l’aide d’un crayon à la mine arrondie, dessinez la forme générale de l’objet en tenant compte des étoiles que vous avez placées. Grisez l’intérieur sans trop appuyer.
4. Si l’objet a un aspect flou, utilisez un morceau de papier buvard, un mouchoir en papier ou le bout du doigt pour frotter délicatement la zone voulue et étaler ainsi le dépôt de graphite. Vous pouvez ensuite griser puis flouter à nouveau les zones les plus brillantes.
5. À l’aide de la gomme, rectifiez les contours. Un coin ou un angle vif (gomme coupée au cutter) est pratique pour faire des contours nets ou une zone blanche (ex. : le chenal sombre d’une nébuleuse) à l’intérieur de la zone grisée. Au besoin, estompez à nouveau au buvard ou au doigt si c’est nécessaire, en particulier si les coups de gomme sont trop visibles.
6. Dernière étape : orientez votre dessin. Pour cela, observez le sens de défilement des étoiles dans l’oculaire (arrêtez votre moteur au besoin) : le côté où elles apparaissent est l’est, celui où elles disparaissent est l’ouest. Pour trouver le nord ou le sud, déplacez légèrement votre instrument en utilisant l’axe de déclinaison (monture équatoriale) ou le mouvement de hauteur (jumelles sur trépied et montures azimutales).
7. Enfin, complétez le dessin par les informations utiles : nom de l’objet, constellation, qualité du ciel, instrument et accessoires utilisés… C’est terminé !
Il faut bien l’avouer, ce n’est pas toujours simple d’exécuter un joli dessin de nuit tout en regardant dans un instrument astronomique. Alors il n’est pas interdit de considérer ce document comme un brouillon à remettre au propre. Dans ce cas, nous vous conseillons de recopier le dessin immédiatement ou le lendemain, histoire d’avoir encore l’image en tête. Les notes complémentaires prises au moment de l’observation pour les détails les plus difficiles à reproduire la nuit peuvent alors être plus facilement exploitées (« bords de la nébuleuse très diffus », « noyau de la galaxie quasi-ponctuel » … ). Une astuce : pour davantage de fidélité, reportez la position des étoiles du brouillon par transparence sur le dessin définitif.
Le dessin est terminé ? Il ne reste qu’à le glisser dans votre carnet d’observation. Pour encore plus de plaisir, pensez à adopter un gabarit d’observation standard qui donnera une plus grande homogénéité à votre travail. Vous pouvez le définir par vous-même, ou bien utiliser la fiche de dessin astronomique Stelvision.
Lorsque ce carnet commencera à se garnir, vous n’aurez plus qu’à trouver des occasions de l’ouvrir en compagnie de néophytes ou d’autres astrodessinateurs, le plaisir est garanti ! Ces moments seront autant d’opportunités pour comparer des configurations instrumentales, des techniques de dessin ou de rendu suivant la « patte » de l’auteur.
Et pour diffuser vos dessins sur Internet, après les avoir scanné ou photographié, voici une astuce : passez-les en négatif à l’aide d’un logiciel de retouche. Effet réaliste garanti ! D’ailleurs, partagez avec nous vos plus beaux croquis en les ajoutant en commentaire sur notre page Facebook (sur le post dédié à cet article) ou en nous envoyant un e-mail. D’ici à quelques semaines, nous choisirons quelques-uns d’entre eux qui viendront s’ajouter à cet article. Et si vous êtes nombreux, qui sait, ce sera peut-être l’occasion pour nous de réfléchir à ouvrir une catégorie « dessin » à notre concours photo ?
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