D’où viennent nos cartes du ciel ?

Les cartes qui nous permettent aujourd’hui de nous orienter dans le ciel sont le résultat d’un mélange de cartographies plus anciennes, remontant jusqu’à plusieurs millénaires. Voici un bref aperçu de ces origines.

Photo montrant une planche de l'atlas. On voit les constellations de la Petite Ourse, du Dragon, de Céphée, du Cadrant mural, etc. avec à la fois les étoiles, les grilles de coordonnées et les figures mythologiques représentées en couleur.
Cette planche de l’Atlas Coelestis de John Flamsteed a été colorisée par Jean Fortin et publiée en 1795. Crédit : Henk Brill

Les descriptions du ciel durant l’Antiquité

Plusieurs millénaires avant notre ère, les Mésopotamiens regroupent les étoiles les plus brillantes pour figurer des animaux et des personnages mythologiques. C’est la naissance des constellations, dont certaines comme celles du zodiaque sont encore utilisées.

Transmis aux Babyloniens puis aux Égyptiens, ce découpage du ciel est ensuite ramené en Grèce par l’astronome Eudoxe de Cnide au IVe siècle avant J.-C., qui s’en sert pour établir le premier catalogue d’étoiles et de constellations connu. Son travail sert de base aux Phénomènes d’Aratos de Soles (IIIe siècle avant J.-C.), texte poétique qui décrit les constellations et raconte leur origine. Ce genre littéraire est ensuite repris par d’autres narrateurs grecs et romains, qui développent la mythologie des constellations que nous connaissons aujourd’hui.

En parallèle, de nombreux astronomes du bassin méditerranéen scrutent le ciel entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C. Leurs observations et l’héritage des Mésopotamiens servent alors au Grec Claude Ptolémée (IIe siècle après J.-C.) pour établir son catalogue, intitulé Composition mathématique, qui consigne 1 028 étoiles et 48 constellations. Au IXe siècle, ce catalogue est traduit sous le nom d’Al Magisti par les Arabes qui l’améliorent, notamment en nommant les étoiles les plus brillantes. Nous utilisons encore aujourd’hui beaucoup de ces noms arabes. L’ensemble est ensuite retranscrit en latin au XIIe siècle sous le nom d’Amalgeste et devient une référence en Europe pour plusieurs siècles. En parallèle, au Xe siècle l’astronome arabe Al-Sufi écrit son Livre des étoiles fixes sur la base de l’Al Magisiti. Y figurent de magnifiques dessins de constellations.

Dessin montrant la figure mythologique du Sagittaire dessinée au crayon. Il y a des inscriptions arabes autour et dans le dessin.
La constellation du Sagittaire dans le Livre des étoiles fixes d’Al Sufi. Crédit : Library of Congress

L’essor de la cartographie au Moyen-Âge

En Europe, la représentation graphique du ciel prend son essor au XVIe siècle. L’ Allemand Johannes Bayer publie en 1603 un atlas qui compile l’Amalgeste et les observations d’autres astronomes comme Tycho Brahe. Nommé Uranometria, il classe pour la première fois les étoiles de chaque constellation par ordre de luminosité avec l’alphabet grec. Son travail est à la base de nombreux autres, comme l’Atlas Cœlestis de l’Anglais John Flamsteed. Sur ces cartes très esthétiques, des constellations plus récentes (Le Petit Renard, l’Oie…) sont parfois ajoutées, ou bien ôtées au fil des parutions.

La précision des données à l’ère moderne

Inventée au XIXe siècle, la photographie permet enfin de représenter le ciel rapidement et fidèlement. En 1922, l’Union astronomique internationale fixe la liste de constellations reconnues à 88 et en détermine les limites. La cartographie céleste entre dans l’ère moderne, mais conserve une part généreuse de son histoire à travers les noms des étoiles et des constellations.

Cet article est extrait de l’ouvrage Découvrir le ciel à l’œil nu, édité par Stelvision.

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