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La photo du ciel avec son smartphone est assez facile : une bonne nouvelle quand on veut partager ses découvertes ou garder un souvenir !
Astrophotographie : ce mot fait rêver car beaucoup d’images réalisées par les professionnels comme par les amateurs sont vraiment très belles. Elles montrent des choses invisibles à l’œil et infiniment lointaines, de quoi donner envie de faire pareil avec son premier télescope… Malheureusement, réaliser de belles images n’est pas si simple. Il faut du matériel spécifique et performant, ce qui implique un certain budget. Et puis il faut aussi du temps et de la pratique, car les plus beaux résultats sont souvent le fruit d’un long traitement numérique.
Mais si l’on n’est pas trop exigeant, il est quand même possible de faire un peu d’astrophotographie facilement. Très facilement même… avec son smartphone ! Les résultats obtenus sont alors assez proches de ce que l’on voit en observation visuelle. Tentés par l’expérience ? On vous explique tout pour vous lancer.
À partir du moment où l’on a une petite lunette astronomique ou un télescope d’initiation, il est possible de photographier au moins la Lune, mais également les planètes brillantes comme Jupiter, Saturne et Vénus. On peut aussi photographier le Soleil si on dispose d’un filtre solaire à placer à l’ouverture du télescope. Plus l’instrument est stable sur sa monture et son trépied et plus la prise de vue est facilitée. Mieux vaut donc écarter les lunettes et télescopes de type « jouet », souvent de facture trop légère. Par exemple, les trois instruments Stelescope vendus par Stelvision sont des modèles adaptés pour s’initier à la photographie avec un smartphone.
Si on souhaite photographier des objets moins brillants comme des amas d’étoiles, il devient indispensable de disposer d’un instrument motorisé. Cela permet de faire des poses photographiques de quelques secondes sans que le sujet ne bouge de façon conséquente dans le champ de l’oculaire. Attention toutefois : posséder un instrument avec une motorisation ne fait pas tout. Il faut également prendre le temps de faire la mise en station, c’est à dire d’orienter de façon adéquate le télescope ou la lunette de façon à compenser au mieux le mouvement apparent du ciel.
Les progrès des appareils photo intégrés dans les smartphones sont fulgurants et aujourd’hui, la plupart sont de qualité très honorable. Toutefois, la photographie nocturne nécessite de disposer d’options souvent non disponibles sur les téléphones d’entrée de gamme. Ainsi, pour débuter sans trop de peine, mieux vaut disposer d’un smartphone dont la mise au point peut se faire manuellement (un paramètre qu’il faut en général rechercher dans le mode de prise de vue « pro »). Si ce n’est pas le cas, seules les vues de la Lune, du Soleil et des planètes brillantes seront possibles. La présence d’un retardateur est également presque indispensable, mais quasiment tous les smartphones en disposent. Ce retardateur peut parfois être déclenché à la voix, ce qui est très confortable pour supprimer toute vibration ! Si vous disposez d’une perchette munie d’un déclencheur fonctionnant par bluetooth, vous pourrez toutefois vous en affranchir en utilisant ce dernier.
Enfin, pensez à prendre les photos au format RAW en plus du format jpeg. C’est une option très utile si on veut exploiter toutes les possibilités de l’astronomie au smartphone. Avec ce format, les images sont dites brutes, c’est-à-dire enregistrées sans aucun traitement numérique. Cela permet de les traiter numériquement soi-même. C’est très important quand on se lance dans l’addition d’images, notamment pour les objets faibles (mais on vous prévient : c’est une technique complexe !). Le format RAW est en général disponible sur les modèles intermédiaires et haut de gamme.
Il n’est pas obligatoire, mais quand même incontournable : l’adaptateur pour smartphone est le seul investissement à faire pour vous lancer. Cet accessoire permet de fixer le smartphone derrière l’oculaire de l’instrument, à la place de l’œil. Muni en général de deux ou trois réglages de position, il peut globalement s’adapter à la plupart des smartphones.
Pourquoi mieux vaut-il utiliser cet accessoire ? Parce qu’il est assez compliqué de maintenir l’objectif du smartphone bien centré et bien parallèle devant l’oculaire à main levée. De plus, en disposer permet de libérer ses deux mains. Cela rend plus simple les réglages du télescope comme du smartphone.
Il existe différents adaptateurs sur le marché. Par exemple, nous avons sélectionné pour notre Boutique un modèle à la fois léger et robuste, s’adaptant à l’ensemble des produits Stelvision (lunette, télescopes, jumelles) et qui convient pour un large panel de smartphones.
Nous l’avons dit plus haut, la Lune et le Soleil sont les premières cibles à privilégier pour débuter en astrophotographie. La Lune est vraiment la cible la plus accessible, car les réglages sont faciles à trouver pour obtenir des résultats intéressants. On peut même parfois laisser faire la prise de vue automatique ! Pour le Soleil, il est indispensable d’équiper son télescope ou sa lunette d’un filtre de protection à placer à l’entrée de l’optique, tout comme pour l’observation visuelle (lisez à ce sujet notre article Observer le Soleil au télescope : comment faire et que voit-on ? ).
Photographier les planètes brillantes (Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) n’est guère plus difficile que de cibler la Lune. En revanche, les résultats sont moins spectaculaires car l’image obtenue est assez petite et surtout plutôt floue avec peu de détails. Néanmoins, on peut reconnaître assez facilement la forme générale de la planète (croissant de Vénus, anneaux autour de Saturne…). On peut aussi en général discerner une à deux bandes nuageuses sur Jupiter, ainsi que les satellites les plus brillants.
Si on pointe une étoile brillante, pas de difficulté là non plus, le plus crucial étant la mise au point. On obtient alors une image avec un point brillant plus ou moins intense. Parfois même, la couleur de l’étoile se discerne lorsqu’elle est bien marquée. Les étoiles rouges comme Bételgeuse ou Aldébaran sont intéressantes pour cela.
Sous un ciel avec pas ou peu de pollution lumineuse, si on dispose d’un instrument motorisé et qu’on sait faire sa mise en station même de façon approximative (car les temps de pose restent courts et qu’on ne cherche pas à faire une image parfaite), les portes du ciel profond s’ouvrent en astrophotographie au smartphone ! Là encore, on peut séparer les possibilités en deux catégories.
Pas trop difficile, certains amas d’étoiles peuvent donner des résultats vraiment étonnants ! Il faut cibler les plus lumineux. Par exemple, l’amas globulaire d’Hercule M13 ou le petit amas ouvert NGC457 sont parfaits. Posez une dizaine de secondes ou davantage si le smartphone le permet, au maximum de la sensibilité disponible. Vous verrez ces cibles apparaitre distinctement sur chaque image. L’aspect n’a certes rien à voir avec celui des images additionnées et posées plusieurs dizaines de minutes, mais l’essentiel est ailleurs…
Côté nébuleuses, il y a également de quoi s’amuser avec quelques cibles parmi les plus brillantes. On citera en particulier la minuscule nébuleuse planétaire de la Lyre M57 et la grande nébuleuse d’Orion M42. Pour ces objets vraiment brillants, les résultats sont intéressants sur une seule image si on est là encore au maximum du temps de pose et de la sensibilité du smartphone. En revanche, dès qu’on cible des objets plus faibles, il faut s’essayer à l’addition d’images à l’aide d’un logiciel pour tenter de faire ressortir la forme générale de l’objet, ce qui complique évidemment les choses.
Enfin, pour les galaxies, les possibilités sont sensiblement les mêmes que pour les nébuleuses. De petites galaxies compactes et lumineuses, par exemple vues par la tranche, doivent pouvoir être saisies en une seule image (temps de pose et sensibilité maximales). Il ne nous a pas été possible de faire l’essai sur cette catégorie d’objets, cela reste donc à vérifier. En revanche, pour la grande galaxie d’Andromède M31, sa lumineuse partie centrale est effectivement apparue sur nos poses uniques.
Vous disposez d’un smartphone, d’une lunette ou d’un télescope, et de préférence d’un adaptateur pour vous lancer ? Pour passer à la pratique, voici nos conseils pour réaliser vos premières images.
Il est vraiment très utile de réaliser ses premiers essais de jour, en pointant un élément lointain du paysage. Cela permet de comprendre les contraintes matérielles liées à la prise de vue et d’être moins perdu lorsqu’il faudra manipuler les différents éléments dans l’obscurité. Soignez particulièrement le centrage de l’objectif du smartphone dans l’oculaire, qui passe par l’ajustement précis des réglages de position (sur deux ou trois axes) de l’adaptateur.
Autre chose à regarder en journée : les différents réglages disponibles sur le smartphone. En naviguant dans les paramètres de votre appareil photo, recherchez par exemple un mode « pro » où vous pourrez accéder à la mise au point manuelle si elle est disponible, choisir la sensibilité (les ISO) ou encore régler le temps de pose. En connaissant à l’avance où se trouvent ces réglages, votre soirée d’astrophotographie s’en trouvera facilitée.
Si vous disposez d’une monture équatoriale motorisée (comme sur notre Stelescope 130), n’hésitez pas à faire la mise en station, c’est à dire à orienter la monture de façon à ce que son axe en ascension droite soit le plus parallèle possible à l’axe de rotation de la Terre. Plus vous serez précis dans cette mise en place, et plus vous pourrez faire des poses longues en diminuant le « bougé » des étoiles. Même avec une mise en station approximative, on peut déjà grandement améliorer la qualité des images, alors il ne faut pas s’en priver.
Avant d’installer le smartphone, il faudra bien sûr pointer et centrer sa cible. Un conseil : la mise en place/le retrait de l’adaptateur ou du smartphone peuvent être fastidieux si vous réalisez plusieurs photos à la suite. Aussi, vérifiez l’alignement entre votre pointeur/votre chercheur et le tube optique, pour qu’il soit le plus parfait possible. C’est en effet très confortable d’orienter son instrument avec le pointeur/le chercheur et de voir apparaître la cible directement sur l’écran du smartphone.
Lorsque vous êtes dans l’obscurité, la luminosité du smartphone peut être éblouissante. Mieux vaut donc la régler au minimum d’intensité pour atténuer la gêne. Mieux, il existe des applications comme Night Filter qui permettent d’ajouter un filtre rouge à l’écran, ce qui diminue encore l’éblouissement.
La mise au point du sujet visé est plus facile avec une cible brillante (Lune, planète) que sur les étoiles. Comme on réalise des images à l’arrière d’un oculaire, la première étape est de faire le réglage sur le télescope avec l’œil, avant de mettre en place le smartphone. Reste à faire ensuite la mise au point sur le smartphone lui-même :
– si on ne dispose pas de mode manuel, il faut s’en remettre à la capacité du smartphone de faire ce réglage… avec plus ou moins de bonheur. Astuce : si vous disposez de plusieurs modes de mesure (mesure pondérée centrale, spot, matrice, etc.), passez de l’une à l’autre pour trouver celle qui est la plus adaptée au sujet ;
– si le mode manuel est disponible, activez-le pour un réglage le plus fin possible.
Il ne reste alors qu’à déclencher !
Si vous rencontrez des difficultés pour la recherche et le centrage de la cible, ou encore pour la mise au point, utilisez un grossissement moyen à faible. Ainsi, vous disposerez de plus de luminosité, ce qui facilitera ces réglages.
Pour obtenir des images les plus nettes possibles, il faut éviter au maximum de toucher l’instrument. Or, le déclenchement de la photo sur smartphone se fait habituellement en touchant l’écran. La solution ? Utilisez le mode retardateur pour que les vibrations de l’instrument aient le temps de s’amortir. Mieux encore et si vous disposez de cette option, activez la commande vocale du déclenchement pour éviter de toucher votre smartphone !
La Lune le 14 août 2021. Photographie avec un télescope de 130 mm de diamètre et un smartphone de gamme intermédiaire. Pose unique de 1/500 s à 100 iso. Notre satellite était assez bas sur l’horizon. Cela explique le manque de résolution et la teinte jaunâtre de l’image, dont on a juste rehaussé la luminosité. Crédit : Carine Souplet
Le Soleil le 31 août 2021. Photographie avec la lunette Stelescope 70 muni d’un filtre ASTF80 et un smartphone de gamme intermédiaire. Grossissement de 60 fois. Notez la tache solaire n°2860 visible en bas à droite du globe. Pose unique de 1/500 s à 100 iso. Crédit : Carine Souplet
Zoom sur la tache solaire n°2860, le 31 août 2021 avec la lunette Stelescope 70 muni d’un filtre ASTF80, un grossissement de 60 fois et un smartphone de gamme intermédiaire : zoom numérique 8 fois. Pose unique de 1/500 s à 100 iso. L’image a ensuite été ajustée en luminosité et en contraste. Crédit : Carine Souplet
La planète Jupiter le 13 août 2021 en soirée. Photographie avec un télescope de 130 mm de diamètre motorisé, un oculaire grossissant 60 fois et le zoom 8 fois du smartphone de gamme intermédiaire. Pose unique de 1/30 s à 50 iso. On distingue quelques bandes nuageuses et colorées sur Jupiter, et les deux satellites Ganymède et Callisto en haut à gauche. L’image n’a pas été retouchée à l’exception de la luminosité qui a été accentuée. Crédit : Carine Souplet
L’amas ouvert NGC457 situé dans Cassiopée. Photographie avec un smartphone de gamme intermédiaire et un télescope de 130 mm de diamètre, motorisé et mis en station approximativement. Grossissement de 60 fois. Pose unique de 10 secondes à 800 iso, légère retouche de la luminosité. Crédit : Carine Souplet
L’amas ouvert M11 situé dans L’Écu de Sobieski. Photographie avec un smartphone de gamme intermédiaire et un télescope de 130 mm de diamètre, motorisé et mis en station approximativement. Grossissement de 60 fois. Pose unique de 10 secondes à 800 iso, légère retouche de la luminosité. Crédit : Carine Souplet
Les poses uniques sont intéressantes pour débuter. Mais tous les astrophotographes le savent, il faut très vite passer à l’addition d’images pour gagner vraiment en qualité et obtenir des images esthétiques, colorées et parfois spectaculaires, révélant ce qui est invisible à l’œil. Cependant, cette technique est davantage réservée aux appareils photo numériques de type reflex ou aux caméras vidéo dont les réglages sont multiples et adaptés.
Toutefois, l’addition d’images reste possible avec celles prises par un smartphone. Mais il faut alors apprendre à utiliser un logiciel spécifique (DeepSkyStacker, Iris, Registax, Siril…). On doit alors réaliser des images « accessoires » appelées darks, flats et offsets, qui permettent d’améliorer notablement la qualité du traitement logiciel. Un monde bien plus complexe que la prise de vue unique…
Les quelques essais que nous avons réalisés s’avèrent assez intéressants, comme par exemple sur l’amas globulaire M13. Ci-dessous, à gauche, une image unique de 10 secondes. À droite, six images de 10 secondes additionnées et traitées sommairement (retrait d’un dark et ajustement de la luminosité et des couleurs), qui permettent d’entrevoir davantage d’étoiles au centre de l’amas globulaire.
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